De la bouche au ventre – quand mastiquer devient un acte de soin

Un jour, une patiente m’a dit en souriant :

« Je bois froid, je sais que ce n’est pas bien selon la médecine chinoise… mais j’en ai tellement besoin ! »

Et c’est vrai qu’il ne faut pas boire glacé… en théorie.

Pour entamer son travail, votre estomac a besoin d’atteindre une température légèrement supérieure à celle de votre corps.

Préserver cette chaleur digestive, c’est économiser une énergie précieuse — celle qui peut alors se consacrer à transformer votre repas, plutôt qu’à réchauffer d’abord l’estomac.

Mais la réalité, en consultation, est souvent plus nuancée.

Et si ce besoin de boire froid était une boussole plutôt qu’un faux pas ?

Je recommande d’abord d’écouter votre corps, avant d’appliquer des règles trop générales.

Si vous ressentez le besoin de boire froid, cela indique peut-être une inflammation digestive.

La pulsologie chinoise permet de la repérer rapidement.

Or, vous le savez : le chaud et l’inflammation ne font pas bon ménage.

Dans ce cas, boire chaud à tout prix ne soulage pas : cela risque même d’aggraver l’irritation.

Mieux vaut d’abord apaiser le feu digestif.

Et très souvent, une fois l’inflammation régulée, ce besoin de froid disparaît de lui-même.

Mais à ce moment-là, une autre réalité se révèle :

un état d’épuisement profond du système digestif.

Avec les années, je suis de plus en plus convaincu que cet affaiblissement et cette inflammation partagent une cause commune :

une mastication trop peu active.

Mal mâcher, c’est déjà mal digérer.

Quand vous ne mastiquez pas suffisamment, les aliments stagnent.

Ils fermentent.

Ils créent de la lourdeur, de l’inflammation, de la fatigue.

Et pourtant, votre corps est remarquablement bien équipé :

le muscle masséter, par exemple, est l’un des plus puissants du corps humain.

Il peut exercer une pression allant jusqu’à 58 kg/cm².

Et votre salive contient des enzymes digestives uniques, qui n’existent nulle part ailleurs dans l’organisme.

Certaines études ont observé, chez des personnes obèses, jusqu’à 5 kilos de nourriture non digérée, stockée depuis des années dans des zones d’affaissement intestinal.

Ce résidu stagnant altère votre flore, perturbe votre immunité, et active une inflammation chronique.

L’intestin devient poreux, sa paroi se fragilise,

le système immunitaire s’emballe, parfois jusqu’à se retourner contre votre propre corps.

Et tout cela… à cause d’une mastication négligée.

Je le constate souvent : entre deux consultations, lorsque la mastication est prise au sérieux,

les inflammations digestives diminuent,

et l’envie de boire froid s’atténue.

Les repas deviennent plus légers, les portions plus petites, et pourtant… vous avez plus d’énergie.

Mais combien de fois faut-il mâcher ?

15 fois ? 30 ? 50 ?

Je crois que ce comptage est contre-productif.

Votre corps n’est pas une machine à standardiser.

La mastication est un geste vivant,

qui varie selon les aliments, la cuisson, votre état du jour.

L’important, c’est d’avoir en tête que votre mâchoire est conçue pour tout réduire en bouillie.

Et que c’est cela qui soulage votre estomac.

Petite précision : cela ne veut pas dire qu’il faut manger de la bouillie.

Au contraire.

La vraie bouillie est réservée aux nourrissons ou à des périodes transitoires de convalescence.

Même une soupe ou une compote devrait contenir des morceaux.

Et ne me lancez pas sur le pain de mie… 😄

🌬 Et si vous commenciez par respirer ?

Avant votre prochain repas, prenez trois respirations lentes par le nez.

Allongez votre expiration.

Sentez votre ventre se détendre.

Faites silence en vous.

Et commencez à mâcher comme si c’était un art — doux, essentiel, vital.

Votre système digestif vous en remerciera.

Précédent
Précédent

Le film April in France

Suivant
Suivant

Pulsologie en médecine traditionnelle orientale